mercredi 28 mai 2008

Les sans-papiers s'invitent à la visite de Sarkozy

Le 28 Mai 2008
Rungis(94)
L'occasion était trop belle. Hier, la CGT a profité de la venue de Nicolas Sarkozy au MIN pour demander la régularisation de 284 dossiers par la préfecture.

«SARKOZY, des papiers, Sarkozy, des papiers... » Venu hier à 5 heures du matin au MIN de Rungis pour rencontrer « cette France qui se lève tôt », le chef de l'Etat, accompagné de son épouse, Carla Bruni, a été accueilli par une cinquantaine de travailleurs sans papiers. Drapeaux rouges de la CGT à bout de bras, les manifestants ont une nouvelle fois réclamé leur régularisation.

Rapidement éloignés par les CRS, pour ne pas « perturber la visite présidentielle », savamment orchestrée dans ses moindres détails, les travailleurs sans papiers ont vainement attendu le conseiller présidentiel qu'on leur avait promis. « On s'est foutu de nous, enrage Caroline Aubry, de la CGT. M. Sarkozy est venu voir la France qui se lève tôt... elle est là. Ce sont ces sans-papiers qui travaillent six jours sur sept, font des heures supplémentaires qui ne sont jamais payées et qu'on menace de licencier s'ils osent dire quelque chose. »
« Ils veulent du concret »
Pour les manifestants, l'objectif était également de « transformer l'essai », de voir les 284 dossiers de régularisation toujours en souffrance à la préfecture du Val-de-Marne obtenir une réponse favorable rapidement . « Cela suffit, s'agace Caroline Aubry. Il faut arrêter de jouer avec ces sans-papiers. Ils veulent du concret ou alors, on ne pourra plus les tenir. La préfecture dispose de dossiers avec un contrat de travail, des feuilles de paie et, pourtant, les entreprises refusent de les reconnaître. Qu'est-ce que l'administration attend pour sanctionner ces sociétés qui profitent de la détresse de ces gens, elle en a les moyens. Si on veut sortir de cette situation, il faut que les patrons jouent le jeu » . (Lire ci-dessous) . Un souhait relayé directement auprès de la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises. En effet, vers midi, une dizaine de manifestants ont investi le siège val-de-marnais de la CGPME à Créteil. Objectif : obtenir de son président qu'il intervienne auprès des chefs d'entreprise pour qu'ils embauchent les travailleurs sans papiers.
A l'issue d'une rencontre avec une délégation, le président de la CGPME s'est déclaré « attentif » à cette situation et s'est dit « prêt à aider, dans la mesure de (nos) moyens ». Satisfaits, les manifestants ont aussitôt quitté les lieux. D'autres combats les attendent. Aujourd'hui, travailleurs sans papiers et syndicat CGT ont rendez-vous avec la direction de Métal couleur, à Bonneuil, qui a demandé hier au juge des référés du tribunal de Créteil d'ordonner l'expulsion de son site, occupé depuis une semaine. Ils espèrent aboutir à une solution pour les 10 salariés sans titres de séjour.

[leparisien94]

Aucun commentaire: