lundi 16 juin 2008

Lorsque les patrons deviennent "voyous"

Paris, Le 16 juin 2008

Aux prud'hommes pour licenciement abusif


SIMPLE hasard de calendrier ou licenciement illégal ? C'est ce que les membres du conseil de prud'hommes de Paris, qui reçoivent aujourd'hui le patron d'un employé sans papiers licencié après le début de la grève des travailleurs clandestins en Ile-de-France, devront déterminer. Les faits remontent au 25 avril. Aboueme Alain, 38 ans, un Camerounais sans papiers, affirme avoir été ce jour-là remercié sans aucun motif par son patron, le directeur d'un supermarché G 20 installé rue de la Verrerie dans le IVe arrondissement.


Employé dans cette supérette de quartier depuis quatre ans comme vigile, cet homme arrivé en France en 2002 s'était fait embaucher grâce à des faux papiers. « Mais mon patron le savait très bien, confie Aboueme. Au début, j'avais des titres de séjour provisoires. Et quand je n'en ai plus eu, c'est lui qui m'a demandé de me procurer de faux documents pour ne pas avoir de problème avec l'inspection du travail. » « Puis quand il a entendu le discours de Nicolas Sarkozy du 24 avril disant qu'il n'y aurait pas de régularisation massive des sans-papiers, il a pris peur, interprète l'avocate d'Aboueme, Leïla Djebrouni. Il l'a donc licencié, mais en toute illégalité, sans indemnité, sans entretien... »


Contacté, l'avocat de la société qui gère le fonds de commerce G 20 nie toutes ces accusations. « Cet employé n'a pas été licencié ! Il est en vacances, répond Stéphane Woog. Il avait des congés payés en retard, c'est tout. » « Fadaises », rétorque l'avocate, qui compte non seulement demander réparations pour licenciement abusif, mais aussi pour non-respect du droit du travail. « En quatre ans, mon client n'a eu aucunes vacances, explique-t-elle. Il travaillait 52 heures et était payé pour 35. Et alors qu'il était vigile, ses fiches de paye indiquent manutentionnaire. »
[le parisien 75]

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